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La technologie de séchage solaire du poisson pourrait transformer la pêche au Cambodge

22 June 2023

Lim Ponny and her husband drying fish in their solar dryer dome provided by the CAPFISH-Capture project, co-funded by the EU

Theourn Sreyny et son mari séchant du poisson dans leur dôme de séchage solaire fourni par le projet CAPFISH-Capture, cofinancé par l'UE.

Partout au Cambodge, une scène familière se déroule chaque jour: des familles se délectent de poissons pêchés dans le Mékong ou dans d'autres rivières et lacs. Des millions de Cambodgiens se régalent de tilapia, de vivaneau, de tête de serpent, de carpe et de poisson-chat. D'innombrables tables dans tout le pays servent de l'amok trei - du poisson à la noix de coco cuit à la vapeur dans des feuilles de bananier.

En général, le poisson utilisé dans ce plat et dans d'autres a été séché pour être conservé. Les transformateurs de poisson et les poissonniers le sèchent pour le vendre, et les particuliers sèchent leur poisson pour le conserver. Les transformateurs locaux font généralement sécher leur poisson au soleil ou en brûlant du bois ou du charbon. Tous les Cambodgiens connaissent l’aspect et l'odeur du poisson séché de manière traditionnelle.

Cette tradition étant si ancienne, il semblerait étrange - et difficile - de la changer aujourd'hui. Alors, pourquoi s'en préoccuper?

Il s'avère que les méthodes de séchage traditionnelles sont inefficaces, représentent des problemes d’hygiène et ne peuvent pas etre considérés comme durables. Le séchage du poisson à l'air libre prend beaucoup de temps ; le poisson peut être infecté par des bactéries, il sèche de manière irrégulière et sa saveur diminue, et il est exposé à la saleté, aux insectes et aux excréments d'animaux. En outre, les méthodes de séchage qui utilisent du bois de chauffage, du charbon ou des combustibles fossiles peuvent être nocives pour les individus en raison de la fumée et des affections respiratoires qui en découlent, et elles contribuent au changement climatique et à la perte d'habitat.

Pour ces raisons, de plus en plus de personnes et de transformateurs de poisson locaux adoptent une méthode moderne de séchage du poisson, en utilisant ce que l'on appelle un "dôme de séchage solaire". Le dôme est une structure légère comportant un cadre en acier qui est construit sur un sol en béton et recouvert d'un matériau blanc translucide en polycarbonate. À l'intérieur du dôme, le poisson est disposé sur des plateaux réglables. Le matériau translucide du dôme laisse passer les rayons du soleil, qui aident à sécher le poisson, et le protège de la saleté et des insectes. Un ventilateur fonctionnant à l'énergie solaire maintient le dôme à la température optimale pour le séchage.

Le séchage du poisson dans un dôme n'est pas seulement plus rapide et plus sûr que les méthodes traditionnelles. Plus important encore pour de nombreux consommateurs, la saveur du poisson est systématiquement mieux préservée. 

Theourn Sreyny drying fish in her solar dryer dome provided by the CAPFISH-Capture project, co-funded by the EU
Lim Ponny with dried fish from her solar dryer dome provided by the CAPFISH-Capture project, co-funded by the EU

Le passage aux dômes est une petite révolution dans la pratique répandue du séchage du poisson, et il est facilité par l'administration cambodgienne des pêches (FiA) avec le soutien de l'Union européenne et de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI). Ensemble, ces partenaires ont apporté un soutien technique et financier à dix entreprises de transformation du poisson afin qu'elles adoptent cette technologie et apprennent à l'utiliser. D'autres entreprises sont en passe de bénéficier d'un soutien similaire.

Les différences sont frappantes. Alors que les méthodes de séchage traditionnelles necéssitent trois à sept jours et dépendent plus fortement des conditions météorologiques, l’utilisation d’un dôme de séchage solaire permet de reduire à environ 8 à 12 heures le temps de sechage complet et est moins sensible aux fluctuations météorologiques. Le dôme n'émet aucun polluant, ce qui met fin à la toux et aux brûlures de gorge provoquées par les feux de bois ou de charbon. À long terme, cela signifie un air plus pur et des personnes en meilleure santé.

À mesure que cette innovation gagne en popularité, elle peut remodeler les pêcheries du pays après la récolte, en les rendant plus productives et plus durables. Avec des poissons plus nombreux et de meilleure qualité, les pêcheries du pays seront en mesure de mieux concurrencer les importateurs au Cambodge, ainsi que les marchés d'Asie, d'Europe et d'ailleurs. Cette mesure apparemment modeste contribuera à l'économie cambodgienne en créant des emplois et des opportunités d'investissement. Plus l'investissement dans cette technologie simple sera important, plus le retour sur investissement sera élevé.

Les avantages ne sont pas seulement économiques. Grâce à cette technologie simple, les Cambodgiens pourront déguster un poisson plus sûr et plus savoureux. Il y a de quoi se réjouir.

 

 

Seetharama Shetty Thombatu est Conseiller Technique Principal de l'ONUDI pour le projet CAPFISH-Capture (cofinancé par l'UE).

Samruol Im est Expert National en communication et visibilité à l'ONUDI pour le projet CAPFISH-Capture (cofinancé par l'UE).

 

Reproduit avec l'autorisation du Phnom Penh Post.